Observation

on (updated 28 days ago)
| 3 min read

Summary: Histoire courte

Pensées non consurées et non interrompues d’un passant anonyme.

Je rentre de l’université. Sur mon chemin, je croise une jolie demoiselle avec un chien, un joli chien. Le genre de chien qu’on veut s’arrêter pour flatter. Le genre de chien qui s’appelle Flocon ou Fluffy ou Peanut. Le genre de chien que les jolies dames ont. Elle marche tranquillement, paisiblement même. Elle faisait des pas assurés, mais subtiles et élégants. Le genre de démarche que les jolies dames aux beaux chiens ont. Elle n’était pas pressée. Elle profitait de la brise de printemps qui faisait tourner ses cheveux bruns coupés aux épaules. Elle respirait. Elle bougeait. Elle vivait. Et, qui sait quand tout cela allait s’arrêter. Quand elle allait figer, tomber, étouffer. Ça m’a fait penser au fil de la vie. Ce fil fin et fragile qui peut se rompre à tout moment, n’importe lequel. Et j’en ai eu peur. J’ai eu peur pour moi. J’ai eu peur pour le vieux monsieur sur l’autre trottoir. J’ai eu peur pour le gamin qui traversait maladroitement sur le passage piéton avec sa trottinette. J’ai eu peux pour la jolie dame au joli chien. Puis, Fluffy, ou Flocon, ou Peanut se mit à courir et la jolie dame le suivit en riant. Elle avait un rire mignon, doux. Le genre de rire qu’une Émily ou une Camille aurait. Le genre de rire qu’une propriétaire de Fluffy aurait. Le banc où je me suis assis est confortable. Il me permet d’observer les oiseaux, les arbres, le vendeur de hot-dogs, la valse des voitures, les gamins qui courent, ainsi que Camille et Peanut. À quoi je pensais plus tôt? Au fil de la vie, oui c’est ça, le fil de la vie. Il est court, il est mince, il est faible. Aussi faible que la main d’Émily quand Flocon saute et elle relâche sa laisse par surprise. Le gamin qui courait sur le zèbre tantôt se présente maintenant dans mon champs de vision en se dirigeant vers Fluffy bras tendus. Il se met à le flatter et le chien se laisse faire sans protester. Il est gentil. Il aime les enfants. C’est mignon cette scène. Camille rigole, Peanut s’assoit et Jacques lui demande la patte. C’est comme ça que j’ai appelé le môme : Jacques. Trop intellectuel pour un Simon, pas assez vieux pour un Sébastien. Jacques lui va à merveille. J’ai même eu envie d’aller flatter le joli chien, causer avec la jolie dame et jouer avec le gosse, mais je ne pouvais pas. Je n’allais pas le faire. Je ne saurais jamais quels sont leurs vrais noms, leurs vies. Je ne sais même pas si ce chiel lui appartient ou si ce gamin est intellectuel, et je ne le saurais jamais. La poussière a monté si vite que je les ai perdu de vue avant même qu’ils ne puissent se retourner.

Enjoy what you are reading? Sign up for a better experience on Persumi.

Comments