Les Cahiers

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Summary: Histoire courte

Cindy attends le retour de son mari du travail avec une idée précise en tête….

Les cahiers

Cindy attendait son retour. Elle était crispée, immobile stable. Tous les membres tendus, elle fixait la porte, bouillante de rage, de tristesse, de certitude. Toutes ses pensées se bousculaient dans son crâne qui craquait sous la pression du tic tac des aiguilles de l’horloge. Dans tous ce chaos qu’étaient ses sentiments, une phrase était hurlée plus fort que les autres. Elle faisait des boucles et venait la hanter sans cesse. Elle se promit de l’écouter. Elle n’hésitait plus, elle attendait. Elle patientait pour le tic parfait ou le tac exact.

Plus tôt, elle avait bu un verre d’ eau, rangé leur 2 1/2, déplacé des meubles, fait la lessive, nettoyé la vaisselle , repassé les rideaux (et les draps bien sûr), trouvé un cahier, échappé un vase, ramassé le verre, trouvé d’autres cahiers, renversé des armoires, arraché du papier-peint, cassé des assiettes, froissé les rideaux et prit un second verre d’eau.

Tout cela, étant une excellent épouse, elle l’avait fait en pensant à lui, qui allait rentrer à 17:42 comme d’habitude. Il était un homme ponctuel, organisé, planificateur. Elle en a eu la confirmation après avoir feuilleté toutes ces pages rayées, surlignées, datées, signées. Julie F., Silia R., Leyah A., Betty T, Pauline A., Zoé-line T. Il a même pris le temps de préciser les noms de famille au cas où il oublierait laquelle il allait voir ce soir-là (ne manquait que des polaroids). Pourtant la seule qu’il avait en double était Émilie (pas étonnant). Toutes ces femmes, dates, lieux, heures à la minute près, notés munitieusement de son écriture nette - précise. Ne laissant place à l’erreur ou au doute.

Elle était enragée d’un feu si puissant qu’il aurait encendré l’appartement minuscule instantanément. Elle brûlait de colère, de frustration, de violence, mais son visage doux ne laissait rien paraître. Seulement une larme, puis une autre apparaissaient de temps en temps sur sa jour rosée.

17:26

Ses mains se resserraient de plus en plus fort sur l’objet redoutable qu’elle tenait entre ses mains fermement (elle tremblait). Sa mâchoire se crispait. Elle fixait la poignée de la porte d’entrée à quelques pas d’elle.

Enfin. Enfin des pas dans l’escalier. Le bruit des clefs. Le grincement de la serrure. La porte s’ouvre, mais Cindy a déjà sauté, et la corde était resserrée autour de son cou violacée depuis quelques minutes déjà.

17:42

Son mari entre avec un énorme bouquet de roses.

YR

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